La Lorgnette Indiscrète

La Lorgnette Indiscrète

Domestication de la nature 1

Deuxième partie la domestication de la Nature

 

            Plus profondément l’exemple décrit dans le premier épisode traduit un profond malaise de l’Homme envers la « NATURE » …L’Homme considère qu’il DOIT  organiser la nature…pardon son environnement puisque cette attitude traduit aussi la prétention de nombreux de nos concitoyens (c’est déjà dangereux lorsque ce ne sont pas des décideurs…alors là !!.....) de séparer l’Homme et la Nature !

 

Aimer la Nature ?

            Combien de fois ai-je entendu  : «j’aime la Nature, à chaque occasion qui m’est offerte je vais me promener dans le parc,…..je marche en montagne et le soir au gîte, j’inscris mes remarques…j’aime le Nature mais si des fourmis envahissent ma cuisine, là c’est trop..et j’emploie un bon insecticide… » ? Je pourrais énumérer une liste bien longue de contradictions cachées…

            En fait ce que de nombreux de nos concitoyens aiment…ce n’est pas la « Nature » c’est une « Nature aménagée, propre, non hostile, policée, non dangereuse…etc…etc ». Il s’agit d’une « idée de la Nature », une sorte de cocon représenté par des sentiers bien balisés (de peur de se perdre ou de mettre les pieds.. «là où il ne faut pas », de s’enliser dans un marécage, d’éviter des endroits « a priori » dangereux ….?) Cet amour de la « Nature » apparaît surtout comme une démarche « égoïste ».

            Hier, le premier avril, j’ai vu un reportage où de nombreux bénévoles (bravo à eux), pioches, tronçonneuses, sécateurs…en mains coupaient les arbres génant le passage (si peu en fait comme ils étaient placés sur les séquences présentées !), saccageaient le sol en voulant déraciner les plantes… : entretenir les sentiers de randonnée ! Voilà le but présenté. Comment peut-on être fiers de perturber ainsi la forêt, les sols ? Il faut des siècles pour que se constitue vraiment un sol….chaque coup de pioche détruit des millénaires d’équilibre de cet écosystème ! Ah inconscience et ignorance, quand vous nous tenez !  Ne vaut-il pas mieux inciter les personnes à fréquenter ce chemin tel quel ? Leur passage entretiendra de lui-même la trace ! Est-il besoin d’un véritable boulevard, bien terreux… ? Allons un peu de réflexion et de sérieux s’il vous plaît !... Le pire c’est que ce n’était même pas un poisson d’avril !

           

            Aimer vraiment la Nature ?   C’est –pour moi- par exemple fréquenter la montagne en toute saison…sans le ski ou les animations-marches estivales…par tout temps, brouillard, vent pluie…c’est rechercher des lieux d’un parfait isolement de nuit : pas un bruit artificiel pour être attentif aux sons de la vie…pas une lumière afin de contempler un ciel extraordinaire…c’est vivre une ambiance souvent de solitude, de mystère et souvent d’isolement….mais surtout, Aimer la « Nature » n’est-ce pas aussi vouloir mettre en œuvre toutes ses capacités de réflexion, d’action, toute sa sensibilité profonde pour la protéger avec cette idée sourde mais tenace : transmettre à nos enfants et générations futures un patrimoine le plus « sauvage» possible : c’est donc le RESPECTER et la PROTEGER !

 Joubarbe des montagnes

Qu’est la « Nature » ?

            Poser une telle question peut  sembler puéril, tant la réponse paraît immédiate. Quand on évoque le concept de « Nature » on pense immédiatement aux êtres vivants, aux arbres...

            Pour moi, la « Nature » est l’ensemble dynamique [êtres vivants + leur milieu de vie] , le tout en inter-actions, donc faisant intervenir les facteurs biotiques ET abiotiques], et surtout ayant échappé aux destructions massives de l’Homme. Proche de la définition des écosystèmes ? oui certes, mais cette définition englobe l’ensemble des écosystèmes, sans oublier leurs interfaces.

 

Précisons :

-         êtres vivants : tous les êtres vivants : des bactéries à l’homme en passant par l’ensemble des règnes animal, végétal, champignons… A ma connaissance, aucune des études dites de « biodiversité » n’ont une approche holistique…. Et pour cause…on ne connaît que 10% des bactéries du sol – soyons optimistes ! Cela sera développé dans l’un des prochains épisodes.

 

-         Dynamique : les multiples interactions d’une effroyable complexité, s’enchaînent selon de grands schémas..qui nous servent de modèles…mais réfléchissons : il nous est totalement impossible de tout décortiquer, de dégager les rôles de tel ou tel facteur : ces interactions mêmes se complètent, se contrarient, varient selon les périodes, selon les saisons, selon les stations, leur exposition, les variations de température, de pluviosité…etc…etc…Le coup de gràce est donné par le fait que toute étude expérimentale perturbe le déroulement normal des événements…

       

       Gour de Tazenat (Auvergne)          Genêt en fleur lande Auvergne       Chemin et noisetiers (puy Pariou. Auvergne)

 

-         L’Homme fait partie de cette Nature…il serait donc tentant et déculpabilisant de penser que les transformations qu’il organise ou cause puissent être classées comme actions « naturelles »…Mais par le développement de ses techniques de destruction irréversibles ( sauf peut-être à très très long terme) l’Homme a justement une responsabilité exclusive…On dit parfois qu’il possède l’intelligence et la culture…En constatant les innombrables pollutions et destructions-stérilisation des milieux, je pense qu’on peut en douter très très sérieusement. Mais parler de «l’Homme » est classique et commun : qui exactement est responsable ? Qu’est-ce que la pollution ? Est-ce un leurre de penser que certains puissent agir afin d’inverser le cours des événements ? Qui peut agir ?  Et surtout comment agir ? En cessant notre hyperconsommation ? par notre type d’habitat ?...ou en se responsabilisant…et devenant plus altruistes ?

 

-         L’ensemble des écosystèmes : vous avez dû le constater, pour délimiter un écosystème…ce n’est pas immédiat ! Où s’arrête exactement par exemple l’écosystème lacustre – matériellement j’entends ? Il existe toute une zone de transition avec « l’écosystème » voisin, zone de transition nommée lisière, écotone, interface. Quand peut-on parler de l’écosystème « forêt »…et ne pas le confondre avec une simple collection d’arbres en « monoculture »…ce qui est source de terribles confusions ?

 

-         Existe-t-il encore des milieux « vierges », n’ayant pas subi l’impact destructeur de l’Homme ?

 

A bientôt, aux prochains épisodes.

Bernard Masson  (clichés de l'auteur)



02/04/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres