La Lorgnette Indiscrète

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RIO de JANEIRO : UN PARADIS en DECADENCE : UNE LUTTE SANS MERCI ENTRE L'HOMME et la NATURE

RIO de JANEIRO : UN PARADIS en DECADENCE : UNE LUTTE SANS MERCI ENTRE L'HOMME et la NATURE

 

 

 

Rio représente pour nous l'incarnation d'un paradis des tropiques ; son site magique entre mer et montagnes semble exister depuis le commencement du monde, et, du lever du soleil sur l'eau bleue turquoise au crépuscule qui recouvre toute la ville de l'ombre fantomatique des collines, Rio captive et ensorcelle. Cette beauté naturelle semble immuable et éternelle, mais cette douceur de vivre qui nous envoûte, n'est malheureusement que l'apparence d'une existence beaucoup moins merveilleuse.

 

Rio vibre au rythme des sambas et des coups de feu; elle danse accompagnée des tambourins et des klaxons. Tout va très vite, tout change à chaque seconde; Rio fait tourner le tête à chaque être qui la pénètre. Instable et grandiose, Rio mène une course affolante entre mer et montagne, fuyant un danger invisible mais omniprésent : un sentiment de liberté mêlé inextricablement d'insécurité nous envahit. Les voitures prennent leurs virages sur deux roues tout en slalomant entre des trous énormes qui sont fatals à bien des motos. Il n'est pas rare de voir des bus démarrer en trombe, laissant la moitié des passagers sur le trottoir et emportant les autres vers une destination non désirée, les chauffeurs étant excédés par des voyageurs pressés qui martèlent avec leurs pieds les bords du véhicule ; de plus chaque feu rouge est le prétexte d'un nouveau départ pour une course effrénée. Se promener à pieds relève d'un véritable « défi-marathon » ; le moindre orteil dépassant du trottoir ,e sera pas épargné ! Dès la tombée de la nuit, tous les cariocas souffrent de daltonisme : les feux rouges n'existent plus, attention aux agressions, aux vols et aux meurtres ! Le danger rôde à chaque coin de rue...Certains soirs d'été, de violents orages tropicaux s'abattent tels des cataclysmes sur la cité qu'ils transforment en quelques heures en rescapée d'un naufrage, noyant les voitures et coupant les principales voies de communication ; Rio est alors hantée par une atmosphère de fin du monde.

 

Rio de Janeiro est aussi l'Eldorado des paysans du « Nordest » de Brésil, attirés par l'impression d'une vie carioca pleine de promesses et d'argent facile. Leur rêve devient vite un cauchemar, Rio aussi a faim. Les rescapés du « sertao », triangle de la sécheresse, vont s'entasser dans les « favelas », à dix dans une baraque de tôle, sans eau courante et sans hygiène ; les magnifiques collines ne sont que des nids de misère, de violence et de délinquance. Parsemant la ville du Nord au Sud et voisinant les résidences les plus luxueuses, elles sont le refuge des misérables, théâtres des trafics de drogue, des crimes crapuleux, des gosses qui meurent de faim. Approchez-vous le spectacle est gratuit ! Vous serez aux premières loges pour admirer les superbes baies de sable blanc illuminées à l'aube par un soleil rougeoyant...mais vous risquez de ne plus jamais en revenir : ces favelas sont devenues de véritables mini-sociétés organisées et hiérarchisées, et seuls les « princes des rues » sont autorisés à circuler dans ces royaumes de pauvreté. Rio est perverse ; elle n'offre aux touristes et aux classes fortunées de la société brésilienne que ses côtés exotiques et enchanteurs : ses piscines privées, ses clubs qui reconstituent le véritable paradis tropical, ses chauffeurs particuliers, ses fruits colorés et savoureux.

 

Rio, ville de contrastes effrayants , nous entraîne dans sa ronde infernale où déchéance, abandon et misère riment avec cocotier, soleil et chaleur ; sous ses mille tunnels, elle joue au chat et à la souris avec la mort, mai les cariocas profitent le plus possible de chaque jour car demain tout peut s'effondrer !

 

Rio, ville de convoitise où la luxuriance et la richesse côtoient la pauvreté extrême et la folie, où la résignation voisine l'ambition.

 

Rio, ville traîtresse jusque dans ses eaux turquoises et ses plages dorées : ne vous fiez pas à l'innocence de la mer, un petit panneau rouge affiche « eau impropre ».

 

Rio, ville ensorceleuse, tu réduis le monde en esclavage !

 

Nina Masson



09/05/2013
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